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Cérémonie d’ouverture des Jeux de Paris 2024 : « Un principe de réalité a fini par s’imposer »

Voilà, l’atterrissage a eu lieu. Cela faisait quelques semaines, déjà, qu’il était pressenti. Gérald Darmanin a fini par l’officialiser. Mardi 5 mars, devant les sénateurs, le ministre de l’intérieur a annoncé que la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, prévue le 26 juillet sur la Seine, accueillera quelque 320 000 spectateurs, répartis sur les quais bas, pour ceux (104 000) qui auront payé leurs places, et sur les quais hauts, pour ceux (222 000) qui auront été invités à venir gratuitement.
Cette fixation de la « jauge » de public accepté sur 6 kilomètres le long du fleuve, au plus près du défilé fluvial des délégations sportives et du spectacle qui l’accompagnera, vient mettre un coup d’arrêt aux très hautes ambitions affichées par certaines des parties prenantes de l’organisation des Jeux. Pour ne pas dire aux illusions qui ont longtemps été entretenues, alimentées par un soupçon de mégalomanie.
Sans doute inspirés par le « plus haut, plus fort » de la devise olympique, le Comité d’organisation (Cojop) et certains des politiques impliqués dans l’événement, comme la maire de Paris, Anne Hidalgo, ou le président de la République lui-même, avaient mis la barre très haut. Il y a un peu plus de deux ans, certains affichaient la volonté d’accueillir 2 millions de spectateurs le long de la Seine, en sus des 15 000 athlètes et 150 chefs d’État.
Les préventions précoces des spécialistes de la sécurité, décrivant – à l’image de l’ancien préfet de police de Paris, Didier Lallement – comme « déraisonnable » cette cérémonie sur l’eau n’y ont longtemps rien fait. On allait voir ce qu’on allait voir ! Pour chaque Nouvel an ou au 14 juillet, ne réunit-on pas environ un million de personnes sur les Champs-Elysées sans problème ? Les Anglais ont réuni un million de spectateurs le long de la Tamise, à Londres, pour le jubilé de la reine, en juin 2022, pourquoi ferait-on moins bien ?
Le principe de réalité, qui avait commencé à faire ses effets ces derniers mois – on ne parlait déjà plus que de 600 000 spectateurs –, a fini par s’imposer au bout de deux ans et demi. En l’occurrence, il s’agit de donner la priorité à la sécurité. Ce qui doit être le gage que l’événement reste « inoubliable », selon le vœu de M. Macron. Et ce au sens de « bon souvenir ».
L’évolution du contexte, national et international, a pesé. Les contrecoups des guerres en Ukraine et entre Israël et le Hamas constituent des menaces possibles. Surtout, les attaques terroristes sont considérées comme une « menace caractérisée », comme l’ont montré l’attentat d’Arras en octobre 2023, où un enseignant a été tué, ou l’attaque au couteau, en décembre 2023 qui a coûté la vie à un touriste germano-philippin près de la tour Eiffel. Tout cela contraint à se « montrer un peu parano », pour reprendre une expression du ministère de l’intérieur.
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